Irène Desvignes

Du rose, du bleu, un lac vert, des îles, une cartographie imagée en guise de « petite cosmogonie portative » autobiographique… tel est à peu près l’univers d’Irène Desvignes.
Au bout de ses Beaux arts à Lyon et d’une trentaine d’années de peinture, elle évolue dans ses rêves, ses souvenirs, son imaginaire ; et ses tableaux comme ses sculptures en céramique racontent chacun une histoire, déroulent une saynète.
Elle flotte au milieu de poissons phalliques. Elle caresse des cratères-lunes ou vulves ; ses petits volcans apprivoisés. Elle évoque.
Des fruits s’isolent du fond pour rendre hommage à Cézanne, à une tradition picturale ainsi que, tout simplement, à la nature édénique. Ce sont ses îles oniriques, c’est à dire ses escales dans un vaste océan qui pourrait être celui de sa vie, c’est à dire ses elles.
Il lui faut peut être en faire ses ailes pour planer dans la transparence, flâner sur les chemins du fur et à mesure, à sa façon impulsive et non intellectualisée, dans une énergique dynamique gestuelle.
S’en échapper aussi puisque, plus Irène Desvignes avance, plus elle semble aller vers des formes géométriques qui naissent, s’entrechoquent, s’envolent vers une forme d’abstraction presque naïve et très colorée. Pas la géométrie radicale, pas la couleur pure, mais l’évanescence, la tendresse aussi, peut-être.
Les îles grecques, Lanzarote aux Canaries, la Bretagne, les petits formats comme les grands, constituent les pièces d’un puzzle, les fragments d’un récit, souvent chargés de symboles et de métaphores qui, d’îles en elle, de reprises en remaniements, l’amènent vers l’épure du blanc.

Stani Chaine, Mars 2015